Laure Bonati, docteure vétérinaire, consultante en médecine du comportement, titulaire d'un CEAV d’éthologie clinique et appliquée
De la même manière que ce que l’on peut observer chez les chevaux, des conditions de vie suboptimales (environnement peu stimulant, forte densité d’animaux, alimentation inadaptée, liberté d’expression des comportements d’espèces entravée…) peuvent conduire les bovins comme les porcins à présenter des comportements anormaux, et notamment des stéréotypies orales.
Les stéréotypies sont des comportements anormaux que l’on observe chez les animaux en captivité (animaux sauvages en zoo ou animaux domestiques). Il s’agit de comportements répétitifs, invariables et sans but apparent, qui sont associés à des états émotionnels négatifs, tels que le stress, la frustration, voire l’ennui.
On considère donc que la présence de stéréotypies est un indicateur d’un état de bien-être altéré [1]. On pense qu’il s’agit d’un mécanisme d’adaptation (coping) à un stress chronique [2], notamment dans des conditions de vie suboptimales qui ne permettent pas aux animaux d’exprimer les comportements normaux de leur espèce.
Chez les bovins, les stéréotypies les plus fréquemment observées concernent des comportements oraux, comme des jeux de langue (l’animal ouvre la bouche et fait des mouvements circulaires avec la langue) ou du léchage (de l’environnement, d’un congénère ou de son corps) [2,3].
Au départ, ce comportement apparaît chez le veau lorsque la motivation à téter ou à ingérer un aliment solide est empêchée - par le sevrage précoce puis les conditions de détention. Il s’agit d’une activité de substitution à un comportement normal intrinsèquement très motivant pour l'animal, qui reste ensuite présent à l’âge adulte.
Chez le porc, on observe également des stéréotypies orales, avec du léchage de l’auge ou du sol, de la succion, des mâchonnements à vide, des morsures sur les barres de contention ou l’auge ou de la caudophagie (tail-biting) [2,3].
L’environnement de vie des porcs en élevage industriel est très appauvri, les animaux sont empêchés d’exprimer certains comportements normaux de leur espèce, comme le fouissage (foraging). Pourtant, il est possible de concevoir des systèmes d’élevage qui permettent de mieux répondre aux besoins des animaux. Ainsi, chez le porc, on peut répondre au fort besoin comportemental de fouissage en ajoutant de la paille sur les caillebotis.
En élevage bovin, un enrichissement classique consiste à ajouter une brosse dans la stabulation pour permettre aux vaches de se gratter, ou d’améliorer le confort de couchage avec de la litière ou des matelas dans les logettes.
Par ailleurs, l’amélioration de la relation entre l’humain et l’animal permet de limiter le stress chronique et les comportements anormaux et ainsi d’améliorer le bien-être en élevage [4].
L’autrice déclare ne présenter aucun conflit d’intérêt qui pourraient influencer ou biaiser de manière inappropriée le contenu de l'article.
Mise en ligne le : 7 janvier 2025
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