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Que vais-je bien pouvoir faire, si je ne suis plus ASV ?

Crédit photo @ Chalabala - stock.adobe.com
Qui parmi vous s’est déjà posé cette question ? Qui n’a jamais voulu tout quitter ?
Vous le savez, chez TÉMAvet nous pensons que mettre des mots sur ce que nous vivons, ce que nous ressentons est utile et important. Nous voulons que chacun puisse exprimer son ressenti alors nous avons choisi de partager avec vous ce témoignage fort que l’on a reçu il y a quelques semaines de ça.

« ASV passionné et investi depuis plusieurs années, je ne sais pas si je vais pouvoir continuer… Ah non, pardonnez-moi, en réalité je ne suis qu’Auxiliaire Vétérinaire. Autrement dit : AV. Une seule lettre qui fait toute la différence…

Eh oui, soyons précis, parce que les échelons ça compte ! Nous faisons pourtant exactement le même travail que nos collègues qui ont eu l’opportunité de faire une alternance au GIPSA mais… le GIPSA reste la seule formation officiellement reconnue qui permet d’accéder à l’échelon 5, alors ils seront mieux payés que nous… les autres. Pourquoi ? C’est comme ça. Rien n’empêche pourtant les employeurs de nous payer au-delà de notre échelon officiel, et pourtant… Sentiment d’injustice d’autant plus fort chez certains, qu’intégrer le GIPSA se révèle souvent être un vrai parcours du combattant, un défi parfois impossible à relever pour se former à cette profession chère à notre cœur. Devrions-nous pour autant oublier notre rêve ?

Je travaille pour vivre

Il y a peu, j’ai changé de poste. J’ai repris un travail d’ASV que je fais avec passion, mais à quoi bon si à la fin du mois je ne peux pas joindre les deux bouts ? Est-ce que la passion vaut suffisamment le coup pour mettre de côté mon confort de vie ? J’aime mon boulot mais je travaille pour vivre et non l’inverse, ce que j’ai eu tendance à oublier…

Je suis donc AV et je suis un homme. Être un homme dans ce métier, ça a ses avantages, mais aussi ses inconvénients. Nous entendons parler régulièrement d’égalité des sexes, de la place de la femme dans le monde du travail. Et, bien entendu, ce combat doit être mené. Mais dans certains métiers, comme le mien, la tendance est inversée. L’écrasante majorité des AV et autres ASV est féminine. Et croyez-moi, trouver notre place peut s’avérer délicat.

  • « Tu es un mec, tu vas pouvoir porter les gros animaux ! » Mais qui vous dit que je peux nécessairement porter plus facilement une charge lourde qu’une femme ?

  • « Ah non désolé, je ne prends pas d’homme dans ce travail, vous ne le ferez pas aussi bien qu’une femme. » Passons sur le côté incroyablement maladroit voire choquant de cette remarque mais, pardon… pourquoi le ferais-je moins bien ?

  • « Je ne sais pas si je vais vous prendre, vous savez, un homme dans l’équipe ça peut faire des histoires. » Alors non, je n’ai pas l’intention de « draguer » toutes les femmes de la clinique si c’est « ça » qui vous inquiète.

L'essentiel est ailleurs...

Mais tout ça n’est rien. L’essentiel est ailleurs. Arrêtons de nous voiler la face. Qui dans ce milieu ne sait pas que les ASV font beaucoup plus que ce qu’ils sont autorisés légalement à faire ? Nul besoin d’en dire plus, nous savons tous de quoi je parle.

D’une certaine façon, nous faisons tout ce qui prend du temps « pour rien ». Mais bien sûr, rien de tout ça n’est officiel. Il est beaucoup plus simple de rester cacher derrière de « vieilles règles »… et il serait dommage de payer les ASV à la hauteur de leurs compétences, à la hauteur de leur travail.

Après tout : « C’est valorisant pour eux de pouvoir faire ces actes, ça devrait leur suffire. »

Alors non, les ASV ne vont pas « piquer » le boulot des vétos, tout cela se passe très bien en médecine humaine ou même dans d’autres pays. Pourquoi est-ce que ça serait différent ici ? Ce n’est pas parce qu’on sait effectuer certains actes parfois même plus facilement que certains vétérinaires, notamment lorsqu’ils débutent, que l’on arrive à faire une prise de sang sur laquelle ils galèrent depuis plusieurs minutes, qu’il faut nous rabaisser en disant qu’on a eu de la chance. C’est une expérience qui se développe avec le temps, pour les ASV comme pour les vétos. Nous, ASV, sommes heureux de pouvoir partager ça avec les vétos car c’est en travaillant ensemble que l’on avance.

Alors pourquoi nous laisser à « un niveau » si bas ? En effet, on pourrait croire que le fait de travailler avec des vétérinaires, qui aiment les animaux, aurait rendu notre environnement bienveillant… ce n’est, hélas, pas toujours le cas. Heureusement certains vétérinaires se battent pour que les choses se passent bien, font en sorte de réellement nous considérer, de nous estimer, de nous faire grandir, mais ce n’est pas encore assez dirait-on. L’égo d’une partie d’entre eux fait toujours stagner les choses.

Ce que j’aimerais leur dire Le métier de vétérinaire est stressant, nous n’en doutons pas. Nous le ressentons chaque jour à vos côtés, mais n’oubliez pas que nous sommes une équipe, nous sommes là pour vous soutenir, vous soulager au quotidien… mais il faut nous aider à tenir aussi quand cela ne va pas. Montrez-nous que vous avez de l’estime pour nous et pour notre travail.

Ça fait du bien d’écrire tout ça, mais maintenant la question reste entière : que vais-je bien pouvoir faire comme métier, si rien ne change ? »

 

R., A(S)V


Ce témoignage soulève de nombreuses de questions. Comment ne pas réagir ?

Alors que l’inflation de ces derniers mois impacte une grande partie de la population française, elle n’épargne pas les auxiliaires vétérinaires. Et ce ne sont ni l’augmentation de la valeur du point en 2023, ni les revalorisations indiciaires effectives depuis un an maintenant, qui suffisent à faire la différence.

Les ASV, nos indispensables alliés du quotidien, ont un travail exigeant que ce soit en termes d’amplitude horaires, de pénibilité du poste, d’exposition à des clients pas toujours tendres ou à des patients pas toujours patients justement.

En 2022, les résultats d’une étude sur l’évaluation du bien-être en structure vétérinaire menée par MSD, montrent que pour le personnel non vétérinaire, les 2 principaux problèmes rencontrés dans leur profession et qui pourraient les pousser à quitter le métier sont : la faible rémunération et l’absence de plan de carrière ou de formation.

Et si, comme nous vous l’expliquions dans notre article : « L’échelon 6 pour les auxiliaires vétérinaires : mythe ou réalité ? », les choses semblent bouger… cela va prendre du temps.

En attendant, une chose est sûre chacun peut agir à son niveau. Nul besoin d’attendre que la loi évolue. Impossible jusque-là évidemment de déléguer officiellement les actes vétérinaires, mais rien n’empêche de déléguer bien d’autres choses. Ouvrons les discussions en équipe pour voir qui aimerait et pourrait effectuer telle ou telle tâche et sous quelles conditions. Redonnons du temps de vétos aux vétos, qui en ont bien besoin en ces temps de pénurie, et proposons des options valorisantes et rémunérées aux ASV qui le souhaitent. Parce qu’un ASV satisfait et fidélisé, c’est bel et bien un atout pour une structure, non ?

 

Manuelle Hoornaert,
Vétérinaire & Rédactrice en chef

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