Se connecter

Que font les vétérinaires de leurs vacances d’été ?

Crédit photo @ Mike - stock.adobe.com
Souvent longuement attendues, les vacances d’été riment pour les Français avec soleil, détente et coupure annuelle. On pourrait logiquement s’attendre à la même chose pour les vétérinaires, mais ce serait oublier qu’on ne glisse pas si facilement la clé de sa clinique sous le paillasson !

Que l’on soit salarié ou à son compte, les vacances demandent en effet un peu d’anticipation. Les patients ne nous attendront certes pas pour tomber malades, mais nous avons tous droit à un peu de repos. Alors comment les vétérinaires occupent-ils leurs congés d’été ? Ceux-ci sont-ils synonymes de destination paradisiaque et gros budget, comme voudrait le faire croire notre réputation de profession très aisée ? Si les vacances nous coupent bien physiquement de notre travail, peut-on vraiment dire que nous mettons notre cerveau en pause également ?

Prendre des vacances... Encore faut-il le pouvoir !

En France, les congés estivaux font presque office de religion. D’ailleurs, la loi impose aux salariés de poser un minimum de 12 jours de congés sur la période s’étendant du 1er mai au 31 octobre, soit deux semaines de vacances. Nous avons interrogé les vétérinaires lecteurs de TÉMAvet sur leurs habitudes, en se concentrant sur les congés pris entre juin et septembre afin de rester dans un contexte bien estival.

Bien que les vétérinaires soient majoritaires à prendre des vacances sur cette période, ils sont tout de même près de 8% à ne poser aucun congé de tout l’été. En moyenne, ce sont deux semaines de vacances qui sont prises (47,6% des sondés), parfois une seule (20,6%) ou trois (25,4%) et plus marginalement quatre semaines et plus (6,3%).

Au niveau du ressenti, il ressort que les vétérinaires prenant une seule semaine de vacances trouvent cette durée systématiquement trop courte, quand ceux qui partent trois semaines et plus trouvent cette durée adéquate. Pour ceux qui partent deux semaines, les ressentis sont plus partagés mais ils sont tout de même 65% à trouver cette durée trop courte.

Ces résultats mettent en lumière une inadéquation entre les envies et la réalité pour un peu plus de 50% des vétérinaires interrogés. Pour les salariés, cela peut s’expliquer par un nombre de congés annuels limités (rarement plus de 5 semaines par an), la nécessité de les étaler, et la réticence des employeurs à accorder plus de quinze jours pendant cette période souvent bien chargée. Pour les libéraux, d’autres problématiques s’ajoutent : la nécessité parfois de trouver un remplaçant (particulièrement pour les petites structures) ou bien pouvoir confier sereinement la permanence et la continuité de soins à une structure voisine avant de fermer (ce qui demande une bonne anticipation financière !). Néanmoins, l’exercice libéral permet également de s’organiser comme on le souhaite, ainsi les libéraux sont plus nombreux à prendre des congés plus longs.

Plutôt mer ou montagne ?

Après quelques années passées sous le signe des restrictions sanitaires, il semblerait que les envies de voyage pour cet été soient de retour. Les vétérinaires interrogés sont 35% à envisager de partir à l’étranger. C’est étonnamment un peu moins que dans la population générale, car 44% des Français qui partent en vacances prévoient de quitter le territoire. En revanche, seuls 9,5% des vétérinaires passeront leurs vacances chez eux, contre 38% des Français.

Les moyens de transport utilisés restent majoritairement la voiture, suivie par l’avion puis le train. Alors que de manière générale, les Français sont de plus en plus conscients de l’impact environnemental de leurs déplacements, cette tendance ne semble pas encore se dessiner chez les vétérinaires, qui seront 35% à prendre l’avion contre 22% dans la population générale. Seule une des vétérinaires répondantes a indiqué voyager de manière complètement « slow » : en roulotte conduite par des chevaux, à vélo, en canoë, à pied et à cheval ! Un bel exemple bas carbone, qui peut aussi donner de bonnes idées de reconnexion à la nature.

Alors, plage ou sommets ? La mer reste sans surprise la destination privilégiée, suivie de la montagne, puis de la campagne. Ce classement suit celui de la population générale, dans laquelle on observe un attrait grandissant pour les destinations en altitude. Recherche du calme et de la fraîcheur ? Il semble que le slogan « la montagne, ça vous gagne ! » soit en tous cas d’actualité.

Les vétérinaires prévoient d’occuper plusieurs types d’hébergement pendant leurs vacances. Si les locations de maison ou d’appartement sont populaires (40,3% des sondés), nous sommes nombreux à séjourner chez des proches (50%). Les gîtes, chambres d’hôtel et campings sont également des types d’hébergement fréquemment choisis. Tordons maintenant le coup à certains clichés : seuls 6,5% des vétérinaires séjourneront dans leur maison secondaire ! Certains prévoient même d’échanger leur maison, en témoigne le groupe privé Vet’Homes sur Facebook, afin de limiter les frais et de faire garder ses animaux en toute confiance.

Enfin du côté des activités, ce sont les balades et le repos qui sont plébiscités par plus de 80 % des vétérinaires. Viennent ensuite les activités culturelles et sportives, pour un peu moins de 50 % d’entre nous. Par ailleurs, fidèles à notre réputation d’épicuriens, nous sommes 30% à accorder du temps aux activités gastronomiques et œnotouristiques et 19% à aimer faire la fête en vacances.

Et tout cela pour quel budget ? Contre toute attente, celui-ci est plutôt serré, car la majorité des vétérinaires prévoient des dépenses de moins de 1000 euros par foyer pour leurs vacances. C’est bien moins que la moyenne des Français, qui sont prêts à dépenser 2000 euros par ménage pour leurs vacances d’été en 2023. Il est possible que le budget ait été sous-estimé, car le transport, l’hébergement ainsi que les loisirs font très vite monter la note, mais cela vient de nouveau casser le mythe d’une profession très lucrative. Par ailleurs, les vacances au plus gros budget ne sont pas toujours expliquées par le salaire du vétérinaire… C’est même souvent celui du conjoint ou de la conjointe qui favorise les dépenses supplémentaires.

Des vacances qui riment avec déconnexion ?

Dans un métier passion comme le nôtre, il est bien rare que l’on arrive à cloisonner efficacement vie professionnelle et vie personnelle. Combien de vétérinaires repensent aux cas de la journée au moment de se coucher ? Ruminent les éventuels conflits avec la clientèle sur leurs jours de repos et laissent le stress professionnel les envahir pendant les moments consacrés à leur famille ? Si les vacances ont l’avantage de nous couper physiquement de notre travail pendant plusieurs jours, elles sont également l’occasion de s’offrir vraie dé-con-nex-ion… Un pari difficile pour les travailleurs impliqués et acharnés que nous sommes ?

Dans les faits, ce n’est en effet pas gagné : les vétérinaires sont 97% à penser au travail pendant leurs vacances, et 22,2% à y penser tous les jours. Ils sont également nombreux (77,8%) à garder un lien connecté avec leur activité professionnelle, que ce soit par l’intermédiaire d’un groupe Slack ou WhatsApp, d’une boîte mail ou d’un numéro de téléphone professionnel.

Régulièrement, c’est même le travail qui vient les solliciter. Seuls 20,6% des vétérinaires ne sont jamais dérangés pendant leurs vacances (et ce privilège concerne dans l’immense majorité des cas les salariés, comme on pouvait s’y attendre). Heureusement, la proportion des vétérinaires souvent ou très souvent sollicités reste faible (8%), mais ces sollicitations génèrent des sentiments désagréables chez 67,2% des personnes interrogées. L’occasion de questionner ces dérangements (sont-ils indispensables ?) et de laisser quelques consignes avant de partir (« Je ne souhaite être appelé qu’en cas de vraie urgence », par exemple).

Malgré une nette tendance au workaholisme dans notre profession, il semblerait que le manque du travail ne se fasse pas tellement sentir pendant les vacances pour 88,9% d’entre nous… Et c’est quelque chose dont il faut probablement se réjouir, signe que la coupure est venue à point nommé !

Maintenant, les vacances produisent-elles l’effet escompté (repos, régénération mentale et physique) ? Ce n’est pas si simple. Il faut distinguer les différentes situations : vacances trop courtes, présence d’enfants qui diminuent le lâcher-prise et l’impression de repos, chef d’entreprise très sollicité… Les réponses donc sont assez disparates : 41,3% des vétérinaires estiment bien ou très bien récupérer et 36,5% plutôt pas ou pas du tout.

D’ailleurs, les effets positifs des vacances ont tendance à très vite s’estomper : immédiatement pour 7,9% d’entre nous et en quelques jours pour 42,9% des sondés. Cela s’explique par un rythme souvent intense à la reprise : soit d’autres collègues partent à leur tour en vacances et le fonctionnement se fait à effectif réduit, soit il faut honorer les nombreux rendez-vous qui n’avaient pu être fixés avant son départ. Quoi qu’il en soit, le planning risque d’être dense, et cela peut être particulièrement mal vécu par les salariés sans enfants qui prennent leurs vacances hors période scolaire… Et qui doivent donc systématiquement répondre « présent » pendant les périodes chargées.

La reprise du travail est donc accueillie avec un enthousiasme plutôt mitigé : 36,5% des vétérinaires se disent enthousiastes ou très enthousiastes, ce qui est autant que ceux qui ne le sont pas, ou pas du tout.


Les vacances sont donc l’occasion de voyager et de s’adonner à des activités sociales et relaxantes pour une majorité de vétérinaires, loin des clichés et de toute extravagance. Néanmoins, il reste difficile d’effectuer une véritable coupure avec le travail, qui s’invite dans les pensées et les sollicitations téléphoniques. Le lâcher-prise total n’est donc pas encore pour tout de suite, mais peut-être est-ce un point à travailler pour profiter de ses congés avec plus de sérénité !

 

Astrid de Boissière,
Vétérinaire

 

Ressources documentaires et bibliographiques :

[1] O. Fargetton. Les Français plutôt mer ou plutôt montagne ? [En ligne]. Disponible sur : https://www.ipsos.com/fr-fr/les-francais-plutot-mer-ou-plutot-montagne [Consulté le : 12 juillet 2023] ;

[2] L. Dauphin, M.A. Le Garrec, F. Tardieu. Le tourisme en France, 2008. Les vacances des Français depuis 40 ans. [En ligne]. Disponible sur : https://www.insee.fr/fr/statistiques/fichier/1374551/fratour09c.pdf [Consulté le : 12 juillet 2023].

[3] J. Da Sois. Le Figaro. Vacances d’été : malgré l’inflation, les Français prévoient un budget en hausse, selon un sondage. [En ligne]. Disponible sur : https://www.lefigaro.fr/conjoncture/vacances-d-ete-malgre-l-inflation-les-francais-prevoient-un-budget-en-hausse-selon-un-sondage-20230613 [Consulté le : 12 juillet 2023].

 

La newsletter qui décrypte le monde vétérinaire autrement

Pour les vétérinaires curieux qui n'ont pas le temps de l'être : tous les mois, des articles, des histoires, des jobs et des conseils qui donnent le sourire.

Management & Bien-être au travail

Presse vétérinaire

Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client abonnements@info6tm.com - 01.40.05.23.15