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Les goodies sur les congrès vétérinaires sont-ils toujours les bienvenus ?

Crédit photo @ Témavet
Il y a dix jours, nous étions à France Vet. Quelle joie de retrouver les congrès après cette longue période de Covid et de revoir enfin nos partenaires « en vrai » ! C’est évidemment la première chose que je retiens : c’était un évènement intéressant, loin de la sinistrose ambiante et je suis ravie d’avoir pu y assister ! Mais (parce qu’il y a un mais, vous vous en doutez), il y a une question rattachée aux congrès (que j’avais justement eu le temps d’oublier et qui m’est revenue tel un boomerang à peine passée la porte du Parc des Expositions) que je souhaitais vous partager aujourd’hui… J’ai nommé les goodies !

Un bruissement dans les allées…

Aujourd’hui (et ça ne date pas d’hier puisque les goodies datent de la fin du 18ème siècle (info très classe à sortir lors d’un diner), la communication par l’objet s’impose comme un élément incontournable de la stratégie marketing d’une entreprise. Chaque stylo, porte-clef, calepin, clé USB, mug, peluche et j’en passe, est un merveilleux objet publicitaire qui permet aux marques d’entrer dans nos vies de consommateurs, y compris sur le plan professionnel. Jusque-là, rien d’anormal : nous y sommes habitués et je ne prends pas la plume ce matin pour disserter sur le bien-fondé ou non de la publicité du 21ème siècle. Ce serait d’ailleurs un peu malvenu de ma part puisque nous travaillons main dans la main avec des annonceurs pour nos médias. Pas de grande diatribe non plus sur la société consumériste, rassurez-vous ! Ma réflexion est en réalité beaucoup plus terre à terre… Depuis quelques années (qui correspondent à la naissance de mes enfants et au fait que j’assiste, impuissante, à la surenchère de matériel de puériculture et de jouets divers), les goodies provoquent chez moi une forme … d’éco-anxiété. Rien à faire, quand je mets l’utilité de l’objet, dérisoire, face à son impact carbone, non dérisoire, j’en ai des sueurs froides, de la tachycardie et des pics de cortisol (ce qui soit dit en passant ne me met pas en conditions pour acheter quoi que ce soit !). Et eu égard aux commentaires de certains congressistes (oui, j’ai laissé trainer mes oreilles de journaliste dans les allées), il semblerait que je ne sois pas la seule …

À l’espace café-déjeuner du congrès, des consœurs chargées comme des mules, râlent « c’est pas possible tous ces goodies, on ne sait même plus où les mettre ». En sortant des toilettes, deux étudiantes (du moins je crois) laissent libre cours à leur agacement en brandissant une babiole tout ce qu’il y a de moins éco-responsable « on ne peut pas à la fois vanter les bienfaits des plantes et de la nature et distribuer ça comme si de rien n’était ». Un de mes amis acquiesce en levant les yeux au ciel quand je lui montre mon trésor de fin de congrès et lors d’un rendez-vous avec un de nos partenaires, une consœur nous dit qu’avec son associé, ils ont pris le parti de refuser les goodies même si « ça la fout un peu mal ». D’ailleurs, la poubelle près du vestiaire est pleine de flyers, de brochures reliées sur papier glacé, de dust-bags et d’une boîte en carton (que je soupçonne contenir un mug bien emballé dans du papier bulle). Volonté de voyager plus léger dans le train du retour ? Ou geste militant (dérisoire et désespéré) pour marquer sa désapprobation (un peu comme ceux qui laisse les emballages cartons des paquets de yaourt au supermarché) ? Je l’ignore…

Les goodies servent-ils encore la notoriété des marques ?

À ce stade de mon récit, je préfère vous prévenir : je n’ai pas de poster de Greta Thunberg chez moi, j’essaie de manger local mais je ne réussis pas toujours, j’ai du mal à réduire ma consommation de viande, mes enfants prennent des bains régulièrement (parce que ça me laisse un quart d’heure pour mettre une lessive en route), j’ai abandonné les couches lavables (avant d’avoir commencé) et j’ai même un paquet de lingettes bébés dans mon sac à langer (résultat d’un choix cornélien : « qu’est-ce que tu préfères : une crise d’éco-angoisse à l’ouverture du sac où passer l’après-midi à l’aire de jeux avec du (smiley) sur les doigts ? » ). Bref, à titre personnel, je suis une « écolo du dimanche » qui a plein de progrès à faire. Et à titre professionnel, j’ai du mal à savoir par quel bout commencer pour limiter notre empreinte carbone et nous engager dans une démarche plus durable. Par conséquent, loin de moi l’idée de distribuer des bons points à certains et de pointer les autres du doigt pour en faire de mauvais élèves ! On fait tous ce qu’on peut avec l’écologie, moi la première… En outre, j’ai travaillé suffisamment en entreprise pour savoir à quel point c’est compliqué de gérer de l’évènementiel, un brin sous-staffé. J’entends d’ici certains anciens collègues qui me diraient, sûrement à juste titre, « s’il faut en plus perdre du temps à gérer des goodies écolos, on n’a pas fini … ». Certes. Mais finalement, la question qu’il faut se poser n’est-elle pas « est-ce que les goodies tels qu’ils existent aujourd’hui servent la notoriété des marques ?». À l’heure où la nouvelle génération de vétérinaires et d’ASV (pour qui crise climatique et chômage sont un contexte de naissance) arrive sur le marché du travail, il est légitime de se demander si les goodies ne sont pas, à l’inverse, devenus contre-productifs pour une image de marque.

Deux poids, deux mesures !

Si vous avez lu l’article de Floriane Lanord (Vétérinaires et éco-responsabilité : l'inconcevable paradoxe !), la présidente d’Ecovéto, vous vous dites peut-être que l’impact environnemental de quelques goodies n’est pas grand-chose par rapport au conditionnement et aux emballages de nos consommables et médicaments. Et que ça ne vaut peut-être pas la peine de se mettre la rate au court-bouillon pour si peu … C’est un peu comme faire plein d’efforts à la maison (arrêter l’essuie-tout ou faire sa lessive soi-même) et apprendre que les vols spatiaux d’Elon Musk et Jeff Bezos émettent des centaines de tonnes de carbone en quelques minutes seulement (information qui a franchement découragé mon projet « compost » à la maison). Deux poids, deux mesures… Et vous avez raison ! Mais il faut bien commencer avec les choses les plus évidentes et simples, non ? Alors, l’optimiste (utopiste ?) que je suis se surprend à rêver d’un stand où il y aurait écrit en gros « Ici, pas de goodies, juste des gens sympathiques et compétents pour parler de l’utilité de nos produits ». Défi pour l’année prochaine ? Chiche!


Bon, étant donné que c’est mon article, je vais quand même distribuer un bon point : merci à Dr Patounes, qui a réussi à faire des goodies écolos (et bons de surcroît) : des petits gâteaux avec un emballage et un ruban 100% biodégradables (mis à la main par Marie, cofondatrice de Dr Patounes et Louveto). Comme quoi, tout est possible quand on est vraiment engagé sur un sujet. Si vous en avez vu d’autres, n’hésitez pas, on les rajoutera à la fin de l’article avec plaisir !

Et une fois encore, je ne retiens pas que ça de France Vet, loin s’en faut !

 

Marine Slove,
Vétérinaire & Éditrice associée

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