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Gérer le débit des perfusions

Géraldine Heillaut Dalibard , docteure Vétérinaire,  titulaire d'un CEAV de médecine Interne des animaux de compagnie  et d'un DIE de comportement des carnivores domestiques

La perfusion intraveineuse est un acte très courant et fondamental du soin vétérinaire. Les indications de perfusions intraveineuses sont nombreuses comme le soutien de la fonction rénale, la correction ou la prévention d’une déshydratation et bien d’autres choses encore.

Cependant, cet acte n’est pas anodin et nécessite précautions et surveillance, notamment par les ASV, pour être efficace sans provoquer d’effet néfaste sur la santé de nos patients.

Du point du vue technique

Le soluté est choisi par le vétérinaire selon les paramètres cliniques et éventuellement biochimiques de l’animal après un bilan sanguin et un ionogramme par exemple.

On place alors le cathéter le plus gros qui puisse être supporté confortablement par l’animal afin de ne pas limiter le débit.

Plusieurs types de dispositifs permettent ensuite de maîtriser le débit de la perdusion : les pompes à perfusion, les pousses-seringue pour les plus petits volumes ou encore les dispositifs à perfusion dotés de bagues.

Pour des solutés isotoniques tels que le Na Cl 0,9 % et le Glucose 5 %, On retient que :

  • pour les perfuseurs classiques 1 ml = 20 gouttes ;

  • pour les perfuseurs de précision issus de la pédiatrie : 1 ml = 60 gouttes.

Pour plus de sécurité, on  utilise toujours des flacons dont le volume est inférieur aux besoins quotidiens de l’animal. Cela permet de prévenir les surcharges. Il vaut mieux changer fréquemment de flacon que de risquer un accident de perfusion.

 

Les besoins quotidiens en entretien

Il s’agit du volume nécessaire pour maintenir l’animal correctement hydraté en dehors de toute perte, de tout besoin spécifique ou de déshydratation préalable.

Plusieurs formules existent pour calculer les besoins en perfusion d'un animal.

Prenons par exemple :

  • Pour un chat :

80XPoids (kg)0,75 par jour soit environ 2-3ml/Kg/h. Ce qui correspond, par exemple, à une goutte toutes les 17 secondes pour un chat de 4,5 kg avec un perfuseur standard.

  • Pour un chien :

132xPoids (kg)0,75 par jour soit environ 2 à 6 ml/kg/h. Ce qui correspond, par exemple, à une goutte toutes les 6 secondes pour un chien de 10kg avec un perfuseur standard.

 

Points clés

  1. La surveillance clinique d’un animal sous perfusion est indispensable pour assurer que le volume nécessaire est effectivement reçu – ni trop ni trop peu.
  2. Il est nécessaire d'arrêter la perfusion en cas de signes de surcharge.
  3. À titre d’exemple : les besoins d’entretien d‘un chat de 4,5kg sont d’une goutte toutes les 17 secondes et d’une goutte toutes les 6 secondes pour un chien de 10 kg avec un perfuseur classique.
  4. En plus des besoins d’entretien, il faudra éventuellement compenser la déshydratation et les pertes (vomissements, diarrhées…)

 

Les besoins en anesthésie

Durant l’anesthésie, une perfusion peut être indiquée. Les recommandations actuelles sont de débuter à un débit inférieur à 10 ml/kg/h et d’ajuster ensuite.

En pratique, on débute pour le chat à 3 ml/kg/h et pour le chien à 5 ml/kg/h.

 

Besoins supplémentaires et évaluation clinique de la déshydratation

Dans ce cas, les besoins supplémentaires en fluide (à ajouter aux besoins d'entretien) correspondent au pourcentage de déshydratation multiplié par le poids corporel.

Le pourcentage de déshydratation de définit comme suit :

  • 5 % = Pli de peau modérément augmenté, muqueuses un peu sèches, yeux normaux ;

  • 8 % = Pli de peau augmenté, enophtalmie (globes oculaires légèrement enfoncés dans les orbites), pouls faible et rapide ;

  • >10 % = Pli de peau important, enophtalmie importante, tachycardie extrême, muqueuses très sèches, pouls très faible et filant, conscience altérée.

 

Les risques de la perfusion

La perfusion à un débit trop élevé ou lorsqu’il y a des facteurs de risques tels qu’une maladie cardiaque peut entraîner des problèmes se manifestant par l’accumulation de liquides dans les cavités ou des œdèmes. Ces œdèmes peuvent être visibles, par exemple, sur les membres, et/ou être internes (œdème du poumon).

La surveillance clinique de l’animal est importante car il faut alors stopper l’administration. Dans la majorité des cas, stopper ou diminuer le débit de perfusion suffit à traiter le phénomène, l’excédent de fluide étant alors éliminé par les reins.

 

Les signes à observer pendant la perfusion

  • La fréquence et la qualité du pouls ;

  • La fréquence, les efforts et les bruits respiratoires – les signes d’œdème ou d’épanchement ;

  • Le pli de peau ;

  • La présence de chémosis (œdème conjonctival) – de signe de surcharge ;

  • Le poids corporel (il augmente en cas de surcharge) 

  • L'état mental ;

  • La production d’urine ;

  • La température des extrémités...

Déclaration de conflit d'intérêt

L’autrice déclare ne présenter aucun conflit d’intérêt qui pourraient influencer ou biaiser de manière inappropriée le contenu de l'article.

Bibliographie

  • AAHA/AAFP Fluid Therapy Guidelines for Dogs and Cats (2013).
  • BOYEAUX A., HERNANDEZ J. Complications biologiques liées à l’hospitalisation PratiqueVet (2017) 52 : 574-579.
  • Goncalves R., Odunayo A. Clinician’s brief Choosing the Correct Fluid Type & Calculating Fluid Rates.

Mise en ligne le : 8 novembre 2024

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