Ludovic Tanquerel, docteur vétérinaire, Dipl. ECEIM, DACVIM-LA, Maître de conférences en médecine interne équine, EnvA
Les soins oculaires peuvent parfois être difficiles à réaliser chez le cheval, plus ou moins coopératif, d’autant plus en cas de douleur importante. Ceci peut donc mener à un échec thérapeutique et peut même être dangereux pour le manipulateur. La mise en place d’un système sécuritaire d’administration de traitements ophtalmologiques, tel que le cathéter sous-palpébral, peut donc être pertinente selon les cas.
Le cathéter se met en place sous anesthésie locale (bloc auriculo-palpébral, anesthésie traçante dans la paupière inférieure et instillation de lidocaïne sur la cornée) et sédation. Un kit à cathéter sous palpébral est nécessaire.
Après désinfection de la peau, le trocart est ensuite inséré par la paupière inférieure le plus ventralement possible, puis la tubulure est passée jusqu’à ce que la terminaison soit en place dans le cul de sac conjonctival (photo 1 gauche). Le cathéter est ensuite fixé à la peau à l’aide de “ papillons ” et passé dans la crinière jusqu’au garrot sans mettre trop de tension (photo 1 droite). La crinière est nattée et le cathéter toujours relié au trocart est glissé à la base des nattes, puis la partie terminale avec le bouchon à membrane est fixée à l’abaisse langue, qui facilite la manipulation au moment de la réalisation des injections (photo 2).
Le cathéter doit toujours être utilisé avec des gants, et le bouchon perforant doit être nettoyé avec une compresse d’alcool avant chaque utilisation.
Le volume du médicament à injecter est de 0,2 mL, il doit être injecté lentement puis la tubulure doit être flushée lentement avec 0,5 mL d’air. Les chevaux douloureux peuvent tout de même réagir à ces administrations. Du renforcement positif (récompense) est souvent utilisé pour gagner la coopération du cheval.
Si plusieurs produits doivent être utilisés, il faut espacer les injections d’au moins 10 min. Le cheval doit porter un masque ophtalmique avec une coque pour éviter le retrait du cathéter si le cheval se gratte.
Pour le retrait, après sédation et anesthésies locales (selon le tempérament du cheval), les “ papillons ” sont retirés, et le point d’entrée du cathéter est désinfecté. La tubulure est coupée à 8-10 cm de son point d’entrée puis il est repoussé progressivement jusqu’à ce que la partie terminale apparaisse entre la paupière inférieure et la cornée. Elle est alors saisie avec une petite pince atraumatique (l’anesthésie de la cornée doit être suffisante pour éviter toute réaction du cheval).
Des complications sont possibles : abcès palpébral, ulcère cornéen par frottement en cas de mauvais positionnement. Il est donc nécessaire de bien surveiller l’oeil pendant toute la durée du traitement en enlevant le masque deux fois par jour.
L’auteur déclare ne présenter aucun conflit d’intérêt qui pourraient influencer ou biaiser de manière inappropriée le contenu de l'article.
Mise en ligne le : 20 septembre 2024
Identifiez-vous
Mot de passe oubliéVous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?
Contactez le service client abonnements@info6tm.com - 01.40.05.23.15