Ludovic Tanquerel, docteur vétérinaire, Dipl. ECEIM, DACVIM-LA, Maître de conférences en médecine interne équine, EnvA
De nombreux chevaux adultes sont atteints d’ulcères gastriques (jusqu’à 80 % chez les chevaux de course). Le traitement de cette affection étant assez coûteux, il convient de confirmer le diagnostic des chevaux atteints avant sa mise en place.
Ce diagnostic se fait par gastroscopie, un examen relativement facile, si le vétérinaire possède l’équipement adéquat. Cependant, la consultation doit être bien préparée en amont notamment pour que l’ensemble de l’estomac soit explorable le jour de l’examen.
Les chevaux sont très sujets aux ulcères gastriques pour de nombreuses raisons liées à leur mode de vie (activités stressantes comme les courses hippiques et les transports, manque de contact avec leurs congénères, vie au boxe), leur alimentation parfois mal-adaptée (granulés sucrés et acides, manque de foin), et leur physiologie (sécrétion permanente d’acide chlorhydrique dans l’estomac).
Les signes cliniques qui doivent faire suspecter la présence d'ulcères sont un manque d’état, des coliques sourdes (douleur abdominale modérée et récurrente), de la dysorexie, voire de l' anorexie (en particulier pour les granulés), une baisse de performances, du bruxisme (grincements des dents, des bâillements. Il n’y a donc pas de signe clinique spécifique, ce qui rend d’autant plus important le fait de poser le diagnostic des chevaux atteints grâce à une gastroscopie.
Le traitement médical est bien standardisé (utilisation d'anti-acides), mais assez coûteux et long (au moins 3 semaines). Néanmoins, sans prise en compte des facteurs prédisposants cités ci-dessus, et sans amélioration des conditions de vie du patient, les récidives sont fréquentes.
L’estomac de leur cheval doit être vide pour que l’entièreté de l'organe puisse être explorée pendant l’examen. Ainsi le cheval doit être mis à jeun.
En pratique, on recommande aux propriétaires de donner un dernier repas de granulé au plus tard à 20h la veille de consultation.
Si le cheval est sur de la paille, il faut également lui mettre un panier de jeun afin d'éviter qu'il mange de la paille pendant la nuit. En revanche, ce n’est pas nécessaire s’il est sur copeaux.
Pour la boisson, on peut laisser l’accès l’eau jusqu’au matin du jour de l'examen.
Les propriétaires peuvent être inquiets de laisser le cheval à jeun, en particulier si la gastroscopie n’est réalisée que l’après-midi mais cela ne pose aucun problème. Rassurez-les.
Le diagnostic des ulcères gastriques repose donc sur un examen facilement réalisable : la gastroscopie. Cet examen se fait avec un endoscope spécifique d’une longueur d’au moins 3 mètres (voir photo 2). Cependant, tous les vétérinaires équins n’en sont pas équipés. Sachez qu'il existe des gastroscopes portables qui permettent de réaliser l’examen à l’écurie.
L’examen se passe nécessairement sous sédation et anesthésie locale des naseaux. Un tord nez et un travail sont souvent utilisés pour la contention (voir photo 1). Pour la personne qui va passer le gastroscope dans le nez jsuqu'à l'estomac, il est essentiel de bien visualiser l’avancée de l’endoscope dans la gorge et l’œsophage car une boucle peut se former dans la bouche auquel cas le cheval risque de casser le matériel (qui coûte cher ! ) en le mastiquant.
L’estomac est ensuite exploré entièrement, en incluant l’entrée (le cardia) et la sortie (le pylore) de l'organe (voir photo 3). Le temps d’examen est variable, mais si l’estomac est bien vide l’examen dure moins de 10 min.
Il peut arriver, même si le cheval a été mis à jeun ou si le cheval a retiré son panier qu’il reste de la nourriture au fond de l’estomac. Dans ce cas, si le pylore n’est pas visualisable par exemple, on peut soit faire une deuxième gastroscopie quelques heures plus tard, ou bien passer une sonde nano-gastrique pour laver l’estomac.
Ne pas oublier ensuite de mettre le cheval à jeun encore deux heures ! En effet, après la sédation les chevaux peuvent faire des fausses déglutitions, donc pas de foin pendant le trajet de retour !
L’auteur déclare ne présenter aucun conflit d’intérêt qui pourraient influencer ou biaiser de manière inappropriée le contenu de l'article.
Mise en ligne le : 26 juillet 2024
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