Auriane Schmitt, docteure vétérinaire
Avant une intervention vétérinaire, notamment quand elle nécessite une anesthésie générale, on recommande bien souvent de mettre l’animal concerné à jeun, autrement dit, de lui retirer l’accès à la nourriture et à l’eau. Cependant, les temps de jeûne varient selon les espèces en raison de leurs particularités physiologiques.
L’objectif principal du jeûne est de minimiser le contenu de l’estomac au moment de l'anesthésie.
En effet, chez les carnivores et les omnivores, un estomac plein peut entraîner des vomissements ou des régurgitations, augmentant ainsi le risque de fausse route. Cette dernière pouvant conduire, dans les cas les plus sévères, à une obstruction des voies respiratoires de l'animal anesthésié, et par conséquent privé de réflexe de vomissement ; obstuction qui peut aller jusqu'à entraîner la mort du patient.
Moins grave, bien qu’à prévenir également, l’aspiration du contenu digestif par les poumons peut entraîner une pneumonie par fausse déglutition.
Enfin, un estomac vide permet également de réduire la pression de ce dernier sur le diaphragme (et donc de faciliter la respiration au cours de l’anesthésie) et sur la veine cave caudale (ce qui facilite le retour veineux)1.
Chez le chat, comme chez le chien, il n’existe pas de véritable consensus sur la durée du jeûne. Il débute généralement huit à douze heures avant l’anesthésie pour s’assurer que l’estomac soit totalement vidangé, soit l’équivalent de la nuit précédant les interventions prévues le plus souvent le matin1.
Chez le furet, petit carnivore, le transit digestif est bien plus rapide que chez le chien ou le chat, et le risque d’hypoglycémie peropératoire suite à une trop longue diète pré-anesthésique est important. Il est donc recommandé de mettre l'animal à jeun 3 heures seulement avant la chirurgie2.
Pour des espèces comme les lapins, les chevaux ou même certains petits ruminants, le jeûne, s'il est mal géré, peut faire plus de mal que de bien. Ces animaux ont besoin d’un transit digestif continu pour maintenir un fonctionnement digestif normal. Les priver de nourriture trop longtemps pourrait provoquer un ralentissement du transit, voire un blocage complet, entraînant des complications graves après la chirurgie. Toutefois, une alimentation privilégiant l’apport de fibres, en quantité limitée, et réduite en composés fermentescibles, pauvres en hydrates de carbone, promeut la motilité et limite la distension gazeuse3. Il est également à noter que ces animaux ne pouvant pas vomir, le risque d’obstruction respiratoire n’existe pas. En pratique, les lapins ne sont pas mis à jeun alors que les chevaux, en général, sont mis à jeûn entre 8 et 12 heures et réalimenter rapidement après leur réveil complet.
Chez les bovins, l’anesthésie générale est peu pratiquée à l’exception des jeunes veaux. En cas de sédation, on ne pratique généralement pas de changement dans le régime alimentaire. Lors d’une anesthésie générale, on mettra l’animal adulte à jeun 24h avant l’intervention pour vidanger le rumen et limiter les régurgitations. Chez les veaux, Les besoins énergétiques sont importants, ils ont donc tendance à l’hypoglycémie. On ne fera donc pas de mise à jeun chez ces jeunes animaux4.
L’autrice déclare ne présenter aucun conflit d’intérêt qui pourraient influencer ou biaiser de manière inappropriée le contenu de l'article.
Mise en ligne le : 4 octobre 2024
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