Annabelle Orszag, docteure vétérinaire formée en ostéopathie, K-taping, cinésiologie, physiothérapie et réadaptation fonctionnelle chez le cheval
Si vous avez suivi des épreuves olympiques cet été, vous avez sans doute remarqué que bon nombre d’athlètes arboraient des scotchs colorés sur certaines parties du corps. Peut-être vous êtes-vous interrogé sur l’intérêt de ces bandes adhésives ? Je lève le doute immédiatement : aucun lien avec la Fashion Week ou un énième challenge sur les réseaux ! Il s’agit de K-taping, une méthode douce de prise en charge des douleurs musculaires qui nous vient du Japon et qui s’applique également aux athlètes équins. Que vous soyez praticien équin exclusif ou partiel, voici 5 bonnes raisons d’ajouter cette technique à votre boite à outils !
Inventé par un médecin chiropracteur japonais (Kenzo Kase) dans la seconde moitié du 20ème siècle, le K-taping (ou kinésio-taping) est une technique qui repose sur l’application cutanée de bandes adhésives spécifiques, dont l’objectif initial était d’améliorer la prise en charge des douleurs d’origine musculaire. Plusieurs dénominations coexistent mais dérivent toutes du terme grec « kinesis » qui signifie « mouvement ». Mécanorécepteurs et nocicepteurs sont stimulés jusqu’à saturation, ce qui agit à la fois sur la douleur, les tensions musculaires et la circulation (sanguine et lymphatique).
La technique de pose et la tension appliquée à la bande adhésive sont des paramètres clés pour optimiser les résultats. Sens de la pose, tension et choix de la couleur de la bande dépendent non seulement de l’objectif (drainer, stimuler, décontracter…) mais aussi du diagnostic établi en amont. En effet, rien ne sert de poser des bandes de K-taping si l’origine de la boiterie n’a pas été identifiée ou si l’on ne traite pas la cause. Les effets peuvent apparaitre dès les premières heures et les bandes restent en place plusieurs jours. Evidemment, la tenue varie selon l’animal, la zone concernée et la bande utilisée. Pour une initiation pratique, n’hésitez pas à vous inscrire à des formations, notamment celle réservée aux vétérinaires proposée sur le site de l’IFCE.
En raison des bénéfices attendus (action drainante et décongestionnante, soulagement de la douleur, stimulation de l’extéroception), le K-taping est un traitement complémentaire utile dans de nombreuses situations : hématome, œdème, post-opératoire, déchirure musculaire, réaction vaccinale et même déviations angulaires du poulain. L’action de cette technique est cependant variable selon la nature de l’affection et les modalités de pose.
Mise à part la nécessité de s’adapter aux particularités de la peau du cheval (poils denses, transpiration, fort amarrage au plan sous-cutané…), on a identifié peu de cas pour lesquels le K-taping n'est par recommandé. Parmi les restrictions d’utilisation, on peut néanmoins citer les plaies ouvertes, les maladies de peau (incluant les sarcoïdes et les mélanomes), un œdème cardiogénique, une boiterie sans diagnostic établi ou encore certains traitements médicaux (corticothérapie au long cours par exemple).
L’encollage ondulé de ces bandes élastiques est responsable de leur action mécanique ; les circonvolutions qui se forment à la surface de la peau la décollent des tissus sous-jacents. On observe alors une diminution de la pression sur les capillaires et les vaisseaux lymphatiques ainsi qu’au niveau des différents types de récepteurs cutanés. Par l’intervention du « Gate control », on obtient une modulation de la douleur profonde. Les études chez le cheval se multiplient, comme en témoigne celle sur les effets d’une « pose tonifiante » au niveau des muscles abdominaux, et circonscrivent davantage leur usage en équine.
L’autrice de cet article déclare ne présenter aucun conflit d’intérêt qui pourraient influencer ou biaiser de manière inappropriée le contenu de l'article.
Mise en ligne le : 10 septembre 2024
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