Laure Bonati, docteure vétérinaire, consultante en médecine du comportement, titulaire d'un CEAV d’éthologie clinique et appliquée
Le budget-temps désigne la répartition, sur 24 heures, des différentes activités d’une espèce animale, comme la recherche et la consommation de nourriture, le repos, les déplacements, le toilettage, les interactions sociales...
C’est un outil pertinent en médecine du comportement. En effet, on va alors chercher à comparer le budget d’activités d’un individu donné avec celui de son espèce.
Le budget-temps d’une espèce domestique se détermine en observant des individus dits féraux, c’est-à-dire qui vivent dans des conditions naturelles et dont les comportements ne sont pas contrôlés par les humains. Le budget-temps sert ensuite de référence pour décrire le comportement « normal » de l’espèce.
Or, à l’échelle d’un individu, on considère que l’expression des comportements normaux de l’espèce est un indicateur de bien-être. A contrario, des comportements anormaux (comme les stéréotypies) peuvent apparaître lors de frustration ou de stress, notamment lorsque l’animal est contraint à s’éloigner du budget-temps « normal » de son espèce.
Les chevaux tendent à consacrer 60 % de leur journée à manger (soit environ 15h), passent 25 % du temps en repos debout ou couché (6h), 1 à 2 heures à se déplacer, majoritairement au pas (6 % du budget-temps) et 1 à 2 heures à surveiller l’environnement. Le reste est consacré aux autres activités (interactions avec les congénères, comportements d’élimination…).
Le budget-temps des chevaux détenus en box s’éloigne du budget-temps de l’espèce. Ils passent moins de temps à manger et plus de temps au repos. Cet écart peut se manifester par l’apparition de stéréotypies (appelés tics) ou par d’autres comportements anormaux. On sait par exemple que les chevaux hébergés sur copeaux vont avoir tendance à consommer la litière s’ils n’ont pas de foin en quantité suffisante.
Cependant, en gérant les conditions d’hébergement des animaux, on peut leur permettre de se rapprocher du budget-temps des chevaux vivants en conditions semi-naturelles.
Quatre-vingt pour cent des chiens sur Terre sont féraux : ils vivent à proximité des humains mais sans en être captifs. Ainsi, les chiens féraux (observés pendant qu’il fait jour entre 6h30 et 19h30) consacrent un peu plus de la moitié du temps dans des attitudes de repos, 27 % du temps à explorer leur environnement, 11 % du temps à interagir avec des congénères ou des humains (soit 1h30), 3,3 % à vocaliser, 5,7 % de leur journée étant consacrés aux comportements de maintenance (selles, urines, toilettage…). La nuit, les chiens sont endormis entre 60 et 80 % du temps.
Les chiens domestiques ont souvent un budget-temps éloigné de celui de ces populations, avec une durée totale de repos plus longue, de nombreuses heures d’isolement dans la journée et des interactions sociales non satisfaisantes (pas suffisantes, toujours en laisse…). Cette inadéquation entre le budget d’activités et les besoins de l’individu peut être à l’origine de comportements indésirables pour le propriétaire (destructions, vocalises, réactivité lors des promenades...).
L’autrice déclare ne présenter aucun conflit d’intérêt qui pourraient influencer ou biaiser de manière inappropriée le contenu de l'article.
Mise en ligne le : 22 octobre 2024
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